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Un an de volontariat à Mayotte ! :)
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20 novembre 2015

Mayotte ou l'île aux enfants !

Je ne vois pas les journées passer, c'est bon signe non ?! En fait, il faudrait carrément monter une entreprise scoute ici ! La demande est tellement forte que l'on est obligé de mettre en place des listes d'attentes, qui s'agrandissent de plus en plus, ou d'orienter les habitants de Grande Terre sur le groupe de Petite Terre... C'est tellement frustrant de voir tout ce qu'il y a à faire mais de ne pas pouvoir être sur tout les plans ! 

Il n'y a pratiquement rien de fait pour la jeunesse sur l'île : les accueils de loisirs se comptent sur les doigts d'une main (et encore, seulement pendant les vacances, ils ne fonctionnent pas à l'année), le périscolaire c'est pareil. Quand on sait que les moins de 25 ans représentent 60% de la population, c'est quand même dingue ! Pourquoi si peu de structures ? Plusieurs raisons peuvent l'expliquer. Tout d'abord le manque de moyens, ou plutôt la non-volonté de la part des politques d'investir dans la jeunesse. D'après une étude de 2010, la population clandestine resprésente entre 35 et 48% de la population. On compte aujourd'hui environ 6000 Mineurs Etrangers Isolés (MEI) sur l'île. La prise en charge de ces MEI est quasi nulle. En métropole, le budget du conseil général pour l'Aide Social à l'Enfance (ASE) est la principale dépense. A Mayotte, la dépense consacrée à l'ASE est de 3%... Les conditions de travails des éducateurs sont déplorables. Ceux en charge des mesures AEMO (c'est à dire que ce sont les éducateurs qui se déplacent dans les familles) n'ont pas de voiture de fonction (et il n'y a aucun moyens de transports en communs ici, à part le stop). Comment sont-ils sencés faire leur travail ? Le peu de foyers qui existent sont en train de tomber en ruine faute de moyens pour encadrer ces jeunes. Tout cela est fait exprès. La volonté de l'état est d'investir le moins possibles, de mettre le moins d'aides possible en faveur des jeunes, afin de dissuader les migrants de venir à Mayotte. C'est avec des décisions comme ça que l'on se retrouve avec une bande de 10 enfants au pied de notre porte. On commence à les connaître maintenant. Ils ont entre 10 et 15 ans. Ils viennent frapper à la porte de temps en temps pour demander à remplir leur bouteilles d'eau ou avoir un couteau pour couper l'ananas qu'on leur a donner dans la rue. En les cotoyant quotidiennement, je m'aperçois qu'ils sont déjà dans l'engrenage des addictions... Ils fument déjà tous et vu la dégradation du comportement de certains d'entre eux, ils doivent surement fumer autre chose de bien plus fort et destructeur.  C'est aussi avec des décisions comme ça que l'on croise des enfants de moins de 10 ans dans la rue, faire les poubelles et sauter de joie lorsqu'ils trouvent 3 bouts de viandes et deux boulettes de riz. Bref, les enfants sont très vite livrés à eux même. Certains ont la chance d'aller à l'école mais beaucoup ne peuvent y accéder.

Une autre raison qui peut expliquer l'existence de si peu de structures, c'est le manque de personnes formées. C'est un vrai frein pour le développement de Mayotte.

Vous l'aurez compris, la prise en charge de la jeunesse est complexe à comprendre, il y a plusieurs paramètres qui entrent en compte : social, culturel, financier... Les choses ne sont pas si faciles mais n'oublions pas qu'ils sont le monde de demain ! Alors si on les laisse grandir dans la rue, dans la violence et les addictions... bonjour les dégâts.

Depuis une semaine et demie j'enchaine les réunions avec les représentants municipaux de la ville de Tsingoni, afin d'y ouvrir un groupe scout. Ils sont tellement motivés à nous accueillir, que les choses vont très vite ! Il existe beaucoup d'associations dans cette commune (qui regroupe 4 villages) mais très peu en faveur de la jeunesse encore une fois. Le peu qui existe sont des associations sportives. Le problème c'est que sur l'île, les jeunes se battent entre villages voisins. Et récemment, ça été le cas dans les villages de Tsingoni. Les associations sportives renforcent cet esprit de compétition, de duel. Après les matchs, les jeunes vont se caillasser parce que telle équipe à triché, telle équipe ne supporte pas d'avoir perdu, etc

L'enjeu du mouvement scout, en allant s'installer dans cette commune, va être d'assurer une certaine mixité sociale des jeunes des quatre villages et d'apprendre à vivre ensemble, dans l'harmonie ! De voir cette motivation réelle de la commune pour agir auprès des jeunes est vraiment motivant ! On ne se sent pas seul, et à plusieurs on va pouvoir se porter mutuellement ! Les premières ASP (activités scouts de rue) auront donc lieu a priori pendant les vacances de décembre. De beaux projets en perspective !

Je vous souhaite un bon week-end :-)

 

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